Les fonds d’investissements sont un support répandu pour investir de manière passive sans se soucier des actions/obligations à sélectionner mais les performances ne sont pas toujours au rendez-vous. En effet, la plupart des fonds d’investissements sous performent le marché à long terme.
Ces contre performances s’expliquent par plusieurs raisons dont la taille du fonds, les contraintes réglementaires et de gestion.
L’objectif du particulier qui investit dans des OPCVM est simple, déléguer la gestion quotidienne à des gérants qui sont théoriquement plus compétents que lui. Cependant le choix initial du fonds d’investissement est très important car tous ne se valent pas loin de là.
Il existe plusieurs types de fonds d’investissements également appelés OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) en France :
- les SICAV (Société d’Investissement à Capital Variable)
- les FCP (Fonds Commun de Placement)
La différence entre les SICAV et les FCP réside essentiellement dans la structure de la société qui gère le fonds.
On peut investir directement dans les OPVCM grâce à un compte tires mais on les retrouve également souvent à travers les fameuses UC (Unités de Compte) des assurances vies.
70% des fonds sous performent le marché à long terme
Selon les études, 70 à 80 % des fonds d’investissements ne battent pas leur indice de référence. Des études ont même essayé de comparer les performances de gérant de fonds d’investissements avec celles de singes.
Cela ne signifie pas que tous les gérants sont incompétents même si on peut se poser des questions pour certains (Olivier D.). Comme dans tous les métiers, il y a des bons gérants et des mauvais gérants mais même un bon gérant peut avoir des performances inférieures à celles du marché.
Beaucoup d’argent peut être un handicap
Un fond d’investissement peut être handicapé par sa taille : plus il a d’argent à placer, moins il aura d’opportunités et moins bonnes seront les performances.
Lorsqu’on doit gérer 50 millions d’euros, on peut investir dans un panel de sociétés assez large allant de la nano-capitalisation (capitalisation de quelques millions d’euros) à la blue chip (capitalisation > 3 milliards d’euros). Il est alors plus facile de trouver des opportunités d’achat.
Lorsqu’on a 5 milliards d’encours à gérer, les possibilités se raréfient et le gérant est quasiment obligé d’investir dans des très grosses capitalisations boursières comme les entreprises du CAC 40 ou du Dow Jones. Sur la place parisienne, le choix va passer d’un millier de possibilités à quelques dizaines.
C’est un véritable problème pour les bons gérants car un gérant qui a de bonnes performances pendant plusieurs années, attirera de nombreux investisseurs les années suivantes, ce qui gonflera la taille du fonds et complexifiera les performances futures.
Il y a de nombreux exemples de fonds d’investissements qui ont affiché de très belles performances pendant quelques années puis des performances médiocres lorsque le fond est devenu populaire.
Exemple : Le fonds d’investissements star, Carmignac Patrimoine avec ces +690% de performance depuis sa création en 1989 est devenu beaucoup trop gros avec plus de 20 milliards d’euros d’actifs sous gestion (aout 2014).
L’encours s’élevait à « seulement » 3 milliards d’euros début 2008. Les très bonnes performances du fonds lors de la chute des marchés de 2008 ont incitées les investisseurs à placer leur argent chez Carmignac. Mi 2009, soit un an et demi plus tard, Carmignac Patrimoine dépassait les 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion principalement grâce aux nouvelles souscriptions. L’encours a même atteint 28 milliards d’euros en 2010. Depuis, les performances se sont grandement détériorées et le fonds sous-performent son indice de référence depuis 2010 comme le montre le graphique ci-dessous.
Pour se protéger de ce type de problème, le fonds Moneta Micro Entreprises géré par Romain Burnand a été fermé aux nouvelles souscriptions lorsque sa taille est devenue trop critique (juillet 2009). Ce fonds étant investi en grande partie en small caps, la taille du fonds est un grand handicap. Il réouvrira lorsque son encours sera passé sous les 90 millions d’euros. Ce qui ne risque pas d’arriver vu les bonnes performances du fonds, l’encours étant de 246 millions d’euros en juin 2014…
Ce type de décision n’est pas facile à prendre pour un gérant car celui-ci est principalement rémunéré par les frais de gestion qui dépendent de la taille de l’encours. S’il laisse son fonds gonfler, il gagnera davantage d’argent mais les performances seront plus dures à obtenir, s’il ferme son fonds au nouvelles souscriptions, ses gains en frais de gestion seront limités mais ces performances plus pérennes.
Un fonds d’investissements a des frais
Les gérants doivent être rémunérés ainsi que toutes les personnes chargées des parties administratives. C’est également une entreprise comme une autre qui veut faire des bénéfices. Ces coûts impactent la performance du fonds qui doit se rémunérer en faisant payer des frais de versement, de gestion, de surperformance etc.
Un tracker indiciel aura des frais bien moindres car sa gestion est passive, sa performance sera donc moins impactée. Il vaut mieux investir dans un tracker indiciel qu’un fonds d’investissement moyen.
Un fonds d’investissements doit suivre des réglementations
Le gérant d’un fonds d’investissements ne peut pas choisir ces investissements comme il le souhaite.
En France, les OPCVM sont soumis à la réglementation de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) qui impose de nombreuses règles comme :
- L’OPCVM ne peut pas investir plus d’un certain pourcentage de son actif auprès d’un même établissement, ce type de règle a pour objectif de limiter le risque de contrepartie.
- Selon la catégorie de l’OPCVM, le gérant ne pourra pas investir le pourcentage qu’il souhaite dans chaque classe d’actif.
- Si l’OPCVM est éligible au PEA, le gérant doit respecter certaines règles comme d’être investi au minimum à hauteur de 75% en actions européennes. Même s’il y a des moyens de contourner cette restrictions (cf. Pourquoi des trackers non européen sont éligibles au PEA), cette contrainte restreint les opportunités d’investissements du gérant et les possibilités de diversification.
Toutes ces règles nuisent à la flexibilité d’un fonds d’investissement et à la performance absolue potentielle.
Conclusion
Un fonds d’investissements n’est pas facile à gérer et même un bon gérant peut sous-performer le marché s’il ne possède plus la flexibilité nécessaire.
Un tracker indiciel n’est pas handicapé de la sorte puisqu’il se contente de reproduire la performance d’un indice avec des frais de gestion très réduit (environ 0,25%/an).
Un investisseur particulier n’aura peut être pas les même compétences qu’un gérant de fonds d’investissements mais il sera davantage maitre dans le choix de ses investissements et il aura moins d’argent à placer donc davantage d’opportunités. Un particulier avec de bonnes connaissances aura lui toutes les chances de battre les fonds d’investissements car il n’a pas les mêmes contraintes.
Tous les fonds d’investissements ne sont pas à jeter, il faut simplement bien les choisir.
Moneta Multi Cap, un 2ème fonds d’investissement géré par Romain Burnand, est investit sur les entreprises françaises de toutes tailles, a surperformé son indice de référence quasiment chaque année et affiche une performance de +91% depuis sa création en 2006 (vs +10,4% pour le CAC 40 dividendes réinvestis). Mais cette performance n’est pas passée inaperçu puisque la taille du fonds est passée de 851M€ en janvier 2013 à 2063M€ en aout 2014 (+142%). L’avenir nous dira si cette augmentation de l’encours handicapera les performances futures.
Aller plus loin :
Une marche au hasard à travers la bourse – Burton Malkiel